Pedaling South

L'expédition en vélo de l'Alaska à l'Argentine de Lucie et Torrey

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Du Salar de Uyuni à Potosi:
la Bolivie vole mon cœur… et ma caméra

December 20th, 2010 · 5 Comments

Le vol

Je me suis fait voler ma caméra hier, à peine cinq minutes après être entrée à Potosi. Un accessoire anodin pour certain, mais pour moi, c’est aussi important que mon vélo ou mon passeport. Sans caméra, aussi bien retourner au Québec!

Après notre mésaventure à Cuzco, puis maintenant ici, peut-être pensez-vous que nous sommes négligents. Et bien non, c’est ce qui est le plus étonnant. Nous sommes même paranoïaques en ce qui a trait à notre matériel. Nous entrons nos vélos dans les restos, nous ne les laissons jamais sans surveillance, nous les verrouillons la nuit, etc. Torrey et moi étions près de nos vélos lorsque le voleur à ouvert ma sacoche pour s’emparer de mon trésor. Nous demandions des directives à une dame qui nous pointait l’horizon, là où nous avons regardé un bref instant. Il n’en fallait pas plus. Les voleurs en Bolivie autant qu’au Pérou sont agressifs. Ce sont des professionnels qui osent sans craindre les conséquences. Ils s’exécutent devant nous, et c’est ce qui est d’autant plus frustrant. C’est dommage parce que toutes ces mésaventures laissent une empreinte émotionnelle négative. Comment peut-on respecter quelqu’un qui nous agresse? Comment pourrais-je recommander dorénavant la visite de ce pays qui a tant à offrir? Au delà de la colère et de la tristesse que cela m’apporte, je trouve ces actions misérables tout autant que ceux qui les commettent.

Nous travaillerons plus fort prochainement pour réparer les dégâts encourus. Peut-on faire autrement? C’est dans ces moments là qu’on se rappelle qu’au moins, nous avons la santé et la chance de voyager!

Le Salar de Uyuni

Sur une note plus positive, notre expérience au Salar de Uyuni a été mémorable. De cet ancien lac qui s’est asséché au fils des ans, il ne reste que du sel sur des centaines de kilomètres. Imaginez! Ça ne ressemble à rien d’autre sur la planète… ou peut-être une après tempête de neige dans les pleines canadiennes. Tout est blanc. L’horizon est lointain. Le soleil est aveuglant, réfléchi de partout. Il brûle la peau. L’air est sec et chaud le jour avec une légère brise qui rappelle qu’on est sur l’altiplano à plus de 3600 mètres d’altitude. Au loin, les objets sont difficiles à distinguer. Ils semblent flotter. La base disparaît, un effet optique crée par le sel. C’est un endroit mystique qui fait délirer tous nos sens.

Mais pour les cyclistes, l’expérience ne se limite pas qu’au Salar lui-même, car la route pour s’y rendre est une aventure en soi, difficile je dois avouer, en plus de compter peu de points de ravitaillement d’eau et de nourriture. De Challapata à Tahua, nous avons mis trois jours à rouler dans des conditions extrêmes, à faire face à des tourbillons de poussière, à rouler sur un chemin – si on peut appeler ça ainsi! – ondulé comme des chips Ruffles avec de grosses roches et des bancs de sable qui vous oblige à mettre le pied à terre et à pousser patiemment. Étrangement, il n’est pas rare de voir les voitures éviter la route principale pour rouler directement dans le champ.

Nous avons fait le chemin avec Lucho et Nina. Lucho est propriétaire de la légendaire casa de ciclista de Trujillo, au Pérou, sans doute la plus connue à travers le monde. Lui et sa famille hébergent des cyclo-voyageurs depuis 1985. Quel honneur ce fut pour nous de l’accompagner dans son premier voyage à vélo hors de son pays. Nina est une Allemande fort sympathique que nous avons d’abord rencontrée à Trujillo, puis revue Cuzco. Depuis Puno, elle enseigne à Lucho les rudiments du cyclotourisme.

L’arrivée à la frontière du Salar est émouvant, surtout après autant d’effort. Nous nous sommes amusés comme des fous lors d’une séance photos qui permet de faire des effets cocasses en l’absence de perspective. Le soir, nous avons campé directement sur le sel à quelques kilomètres de l’île Incahuasi au centre de le l’ancien lac. Des vents violents avec rafales à plus de 100 km/heure se sont mis de la partie au moment de lancer la tente. Nous avons tenté de la stabiliser avec des piquets (pas facile de les insérer dans le sel!), mais nos vélos se sont avérés être un encrage plus efficace. La tempête prenait de l’ampleur au fur et à mesure que les derniers rayons du soleil fuyaient pour laisser place à un froid glacial. Le plus stressant est une fois couché, quand tout ce qu’il reste à faire est d’écouter les vents fouetter la tente de tous bords, tous côtés. « Et si la tente déchirait, et si elle s’envolait… » Torrey et moi tentions d’élaborer un plan B en vain en regardant les pôles plier. Cette nuit compte parmi les trois plus stressantes depuis que nous avons quitté Montréal.

Au petit matin, tout était intact, miraculeusement. Nous sommes repartis en direction de la ville d’Uyuni, la fin du Salar, des images plein la tête.

Lucho est retourné à Trujillo; Nina roule vers les lagons colorés avant d’entrer au Chili. Et nous, nous passerons Noël à Sucre avant d’entrer en Argentine. Déjà!

Revenez bientôt pour lire les impressions de Torrey!

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Tags: Bolivie · Countries

5 responses so far ↓

  • 1 Gaétan // Dec 21, 2010 at 6:01 am

    C’est très intéressant de vous lire. Les photos sont fantastiques et j’aime le caractère à la fois littéraire et rempli d’informations pertinentes des comptes rendus de vos déplacements.
    C’est plate pour le vol de votre caméra et j’espère qu’on continuera de voir des photos de votre périple.
    Joyeuses Fêtes.

  • 2 Anonymous // Dec 21, 2010 at 8:03 am

    Et souffle le vent des fêtes c’est pas du gâteau….
    Et si tu faisais des dessins Lucie ?

  • 3 Geneviève // Dec 21, 2010 at 8:51 am

    C’est platte vous soyez aussi loin. J’me pousse au Salvador le 1o janvier. S’pas dans le même coin. Devinez où je vais après? Ben oui, au Guatemala. La situation est encore pire cette année que quand vous étiez là. Il faut vraiment que je réaprenne à me coucher à 11h pm sinon, maintenant, c’est vraiment vrai que je vais passer (encore) la nuit dans le drunk tank. Ahhhhh ces Évangélistes!!!

    ÉJe vous souhaite un bon voyage. Faut pas capoter avec le Kodak. Au mois personne n’a eu mal, y’a pas un trou béant dans vos sacs parce que les petits comiques les ont percés à la machette pour tout faire tomber par terre, créer une comotion ou tout le monde se pitche sur vos affaires pour les voler, et personne n’est traumatisé psychologiquement à vie… Franchement vous vous en tirez pas mal chill. Juste 2 vol en aussi longtemps, pis pas des traumatisants ou tout le monde est à genoux avec des gars louches qui pointent des gros guns sur la tête de tout le monde pour vider les porte feuilles.
    Ça va bien aller. Va juste falloir que tu te pognes une caméra basique, vraiment, vraiment plus petite et passe partout.

    A+ vous 2

    Gen

  • 4 admin // Dec 22, 2010 at 8:35 am

    Le Salvador? Por queeeeeee?
    T’as raison, on s’en sort quand meme bien, que de petites sequelles psychologiques, rien de grave.
    Tiens-nous au courant de tes deboires!
    xx

  • 5 admin // Dec 23, 2010 at 5:35 pm

    Des dessins?! Je vais y penser…

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