Ça fait maintenant huit jours que nos vélos sont partiellement démontés, rangés sous une toile dans le bateau gonflable de Demelza, le voilier qui nous amène sur la terre ferme.
Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est entre autres grâce à la générosité d’Élizabeth et David, deux Canadiens de Calgary amoureux de la voile qui ont acceptés de nous prendre sous leurs ailes. J’ai bien dit «entre autres» car depuis notre arrivée à La Paz (Baja California), les belles rencontres et les événements fortuits s’enchaînent sans que nous ayons de plan précis en tête, sinon celui de traverser la mer de Cortez.
D’abord, Brian un pilote d’hélicoptère, l’ami d’un ami chez qui nous avons dormi à Long Beach (L.A.) nous a laissé monter la tente sur le stationnement de son joujou volant. Aux douches de la marina, Torrey s’est fait expliquer par un chic type les procédures pour se trouver un lift. Puis, il nous présente au couple Albertain. Quelques heures à peine après notre arrivée à La Paz, nous étions à bord, cap vers le Sud!
Nous avons fait escale sur l’Isla Isabel. Cette petite île abrite des milliers de frégates et de fous à pieds bleus, de gros oiseaux qui se laissent approcher jusqu’à quelques centimètres près. Un paradis pour photographes. Des Mexicains y ont installés un camps de pêche. Chaque jour, ils partent en mer à bord de leurs pangas pour revenir avec d’énormes prises. Nous y sommes allés négocier le souper à deux reprises: 5$ pour un maquereau de 3 kg! Je m’en suis même voulue par la suite d’avoir accepté la première offre sans négocier car le pêcheur semblait trop fier de son coup. J’étais aussi fière du mien!
Ce qui devait être au départ une simple traversée de 3 jours s’est transformées en repos forcés prolongé. Nous avons passé huit jours à apprendre le b.a.-ba de la navigation maritime, à lire et dormir, à pêcher le repas du soir, à se laver dans l’eau salé, à nager avec les lions de mer et les poissons exotiques, à équilibrer notre bronzage de cycliste, à observer le dos des baleines et des tortues, à regarder les raies voler, les pélicans plonger et le phytoplancton s’illuminer, etc. Bref, presque deux semaines à être d’heureux prisonniers des eaux Cortez, à se reposer sans culpabiliser, sans kilomètres à calculer.
Nous avons mis l’ancre définitivement à San Blas, un petit village au sud de Mazatlan. Nous nous réintégrons graduellement à la terre, aux gens et à la musique mexicaine. À la plaza centrale, la fébrilité est dans l’air. C’est le Fesival international des oiseaux migrateurs. Tous les villageois, jeunes et moins jeunes se rassemblent pour festoyer. L’ambiance est magique. Tout le monde se déplacent en vélo, seuls ou accompagnés… comme c’est beau!
Il est temps que nous reprenions la route. J’avais oublié à quoi ressemblait avoir des fourmis dans les pieds.