J’ai menti dans mon dernier post. J’ai dit que l’Argentine est développé qui compte de nombreux accès Internet. C’est faux. Le pays ressemble au Canada: une immense terre peu peuplée qui, entre les villes modernes, est rustique.
Nous roulons principalement sur la 40, une route qui traverse l’Argentine du Nord au Sud sur presque 5000 km. Elle est aussi mythique et légendaire que l’Alcan (Alaska-Yukon), le Cassiar Highway (CB), la Pan-américaine (Amérique latine) ou la Carretera Austral (Chili). Elle est convoitée auprès des voyageurs qui désirent s’en mettre plein la vue, tout comme nous.
Voilà déjà trois semaines que nous découvrons l’Argentine tout doucement, sur la 40. Le dénivelé est léger, mais le vent souffle parfois très fort. La route est longue et droite. On voit loin devant sur des dizaines de kilomètres. Les journées s’allongent – le soleil se couche vers 20h30 – et les distances entre les villages sont espacées. Nous passons de six à sept heures par jour à nous enfoncer d’une centaine de kilomètres vers le sud du continent. Le paysage se ressemble d’une journée à l’autre, mais on ne se lasse pas d’observer des montagnes colorées, des cactus en fleur et des grappes de raisins. Et les camping sauvages n’ont jamais été aussi sécuritaires et faciles à trouver.
Le trafic quant à lui est quasi inexistant. Une voiture nous dépasse toutes les demi-heures et quatre en quinze minutes à l’heure de pointe. C’est comme si nous roulions sur une immense piste cyclable. L’épaule est petite, mais les automobilistes nous doublent avec respect, sans klaxonner, en nous sortant le bras pour nous saluer, en silence. On l’apprécie drôlement après le Pérou et la Bolivie.
Notre principale défis est la chaleur torride et accablante. Le mercure monte chaque jour jusqu’à 40 degrés, et alors que nous buvons comme des poissons, les points de ravitaillement en eau sont réduits à deux par jour en moyenne. Les rivières sont sèches, impossible d’y pomper quoi que ce soit. On fait donc le plein chaque fois que c’est possible. Un soir, on a mal géré nos affaires et avons dû faire appel à la générosité des automobilistes pour avoir suffisamment d’eau pour la nuit. Agua es vida! On s’est fait prendre au piège car les cartes routières n’indiquent pas si les villages sont habités ou abandonnés!
L’autre difficulté est de s’ajuster à l’horaire de la siesta. Les magasins ferment de 13h à 18h30. On essaie de se synchroniser avec eux, mais il arrive souvent que la seule place d’ouverte soit le marchand de crème glacée. Heureusement, on aime la crème glacée. Nos fringales répétitives nous motivent à faire plus de provisions. On achète alors les empanadas à la douzaine ainsi que des pains et des facturas (pâtisserie) au kilo.
Au fils des kilomètres, nous faisons de belles rencontres. Les Argentins sont sympathiques et curieux. Ils veulent tout savoir. Ils sont aussi très fiers de leur pays. Je les comprends. Ces temps-ci, la plupart sont en vacances, heureux, sans souci. Un nous a chanté l’hymne nationale. Un autre nous a offert un sac de fruits. Une dame nous a même réparé nos sacs de tente et de nourriture gratuitement, comme ça, par qu’elle avait envie de nous rendre service. J’aurais peut-être dû lui donner les shorts à Torrey; elle aurait sans doute fait un meilleur travail que moi!
Nous avons aussi passé un bon moment avec Antonio et sa famille rencontrés via warmshowers.org. Il nous a hébergé 3 jours à Belén, le temps de reprendre notre souffle. Avant de partir, il nous a transféré de la musique folklorique sur notre MP3. Ça aide à passer le temps quand les journées s’éternisent tout en découvrant les talents d’ici.
On voit aussi des cyclistes à l’entraînement défiler chaque jour à vive allure. Les cyclo-voyageurs sont aussi plus nombreux; on a croisé récemment des Allemands, des Argentins, deux Suisses et aussi un couple de Québécois. Eux, je les ai repéré d’un coup seul d’oeil avec leur vélo Devinci et leurs sacoches MEC.
Et il y a aussi Émilie, alias Oumou Diallo, une des filles avec qui j’ai fait un stage de coopération internationale au Mali en 2005. Elle et son mari Benoit sillonnent l’Amérique du Sud en voiture pour leur lune de miel dans une escapade romantique d’environ 6 mois. Pour célébrer nos retrouvailles, nous sommes allés dans un camping de San Juan avec piscine et barbecue. On a placotté, on jasé de tout et de rien autour de bonnes bouffes. Ça fait du bien de voir des visages familiers, comme c’est énergisant! Ces deux journalistes-reporters en vacances prolongées ont eu l’idée de faire de courts reportages radio et vidéo sur notre aventure qu’ils tenteront de diffuser à Radio-Canada. On verra ce que ça donnera!
La distance qui s’additionne à l’odomètre et celle qui diminue jusqu’à Terre de feu nous fait réaliser pour la première fois que la fin du voyage se rapproche. On se prépare mentalement à la vie de sédentaire qui nous attend et qui nécessitera un ajustement, un bon, je n’en doute pas.
D’ici là, l’aventure se poursuit. Nous sommes à deux jours de Mendoza et à environ une semaine de la frontière du Chili… l’ultime pays à visiter!
Ciao!
2 responses so far ↓
1 Chuck Q // Jan 27, 2011 at 8:20 pm
Hola Los amigos
Sounds like an epic journey
wish I could do a leg of it with you guys
Enjoy
2 Patrick // Feb 4, 2011 at 8:13 am
Je suis vraiment content que tu ais retrouvé ton kodak tes images sont a elles seules tout un voyage que je fais en les visionnent merci.
Mais tu écris aussi comme tes photos.
Je suis jaloux ….@+
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