Pedaling South

L'expédition en vélo de l'Alaska à l'Argentine de Lucie et Torrey

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Le Salvador: de la frontière à la capitale

March 29th, 2010 · 4 Comments

Après les frontières mexicaine puis guatémaltèque, nous étions prêts à affronter celle du Salvador, le pays le plus petit et densément peuplé de l’Amérique centrale. Nous sommes entrés par le village La Hachadura. Pas d’attroupement, pas de chaos, pas de directive incompréhensible, pas de voiture. Seulement quelques vélos. Au poste frontalier, trois sympatiques douaniers en uniforme nous demandent nos passeports. L’un d’eux lisait les numéros à son collègue qui les écrivait sur sa planche. Le troisième nous posait quelques questions. «Da donde? Alaska?»

Un peu plus loin, un changeur de monnaie, bien coiffé et tiré à quatre épingles, annonce sa présence en levant la main, poliment. Il calcule le taux de change de la journée et nous offre 33US$ pour nos quetzals en poche. C’est au-delà de ce que nous espérions!

Le Salvador aurait abandonné le colon pour adopter le dollar américain depuis 2001 afin de faciliter les transactions des grosses compagnies. Lors du transfert, tous les prix ont grimpé. Pour nous, ils demeurent encore très bas. Nous pouvons manger un bon repas pour moins de 2$ ou des pupusas à 0,30$ chaque – un genre de pizza-pochette fait de tortillas, de fromage et de fèves noires recouvert d’une salade de choux et de sauce tomate épicée. Mais pour un Salvadorien, pour qui le salaire minimum est de 150$ par mois, ça représente un peu plus…

Chaque personne que nous rencontrons nous avise d’être prudent, que le danger est partout. Selon wikipédia.org, il s’agit de l’un des pays les plus dangereux au monde avec plus de 16 000 homicides depuis juin 2004. Pourtant, encore une fois, nous tombons que sur de bonnes personnes. Je vais toujours me rappeler entre autres du Dr. Émilio. Torrey et moi mangions des céréales en bordures de la route quand ce monsieur arrive avec ses deux chiens. «Voulez-vous un Coca?» Impossible de refuser! Il pars aussitôt et revient avec une grosse bouteille de Coke, un bidon orange fluo pour le transvider, quatre paquets de biscuits Soda, une map du Salvador, puis quelques feuilles de papiers pour écrire les directives routières jusqu’à notre prochain stop. «Il n’y a peu de service pour les touristes, alors je dois m’en charger personnellement», nous dit-il en nous souhaitant la bienvenue.

Sur la route, les quelques longues montées n’ont rien à voir avec les murs guatémaltèques. Nous sommes redescendus en altitude et donc notre défi numéro un est le retour de la chaleur accablante. En plus, avril est le mois le plus chaud de l’année; le mercure oscille généralement entre 35 et 42°C.

Un après-midi, alors qu’il faisait au-dessus de 40°C justement, on s’est laissés tenter par  l’affiche promotionnelle d’un hôtel: 9,99$ la chambre incluant 2 breuvages gratuits. Douche fraîche, bières froides, air climatisé, grand lit douillet… tout était merveilleux jusqu’à ce qu’on reçoive un coup de téléphone à 1h du matin. «Ça fait huit heures que vous êtes ici, vous devez payer une autre 9,99$ si vous voulez rester», me lance la préposée. J’en reste bouche-bée! Je ne sais pas comment réagir. Est-ce que c’est la norme, ici, des chambres d’hôtel à l’heure? Pourquoi ne l’indique-t-il nulle part? Et si on refuse, quelqu’un viendra-t-il nous casser les jambes ou nous kicker out en plein milieu de la nuit? Au fur et à mesure que je  reprends mes esprits, la colère monte en moi. Ça n’a aucun sens! Je me mets à engueuler la dame. «Nous avons payé pour une nuit, nous ne payerons pas pour deux. Et ce n’est pas une heure pour réveiller les gens!», lui dis-je. Elle s’excuse en nous priant de quitter pas plus tard que six heure du matin. Bon, j’imagine qu’on peut faire ce compromis…

Nous sommes ainsi arrivés tôt en après-midi chez CESTA, notre premier partenaire Cyclo Nord-Sud. Edwin, le professeur de mécanique, nous fait le tour de la place. L’endroit est énorme! Les entrepôts sont bien organisés. Les jeunes étudiants entre 15 et 21 ans sont dociles; ils font l’inventaire. Quant à nous, nous avons notre propre chambre dans le dortoir, avons accès à Internet et mangeons de bons repas cuisinés avec amour chez la comedor du coin. Nous sommes arrivés juste à temps car tout le personnel et les apprentis quittaient le surlendemain pour leurs congés pascals de 10 journées pour la semana santa. Ici, au Salvador, Jésus est une star!

Edwin nous a fait visiter le centre-ville de San Salvador, qui est aussi le centre touristique, paraît-il. Ça tombe bien, car nous avions deux cartes postales à acheter. Le traffic y est dense, l’air pollué et les rues bondées de vendeurs de fruits et légumes, de DVDs, de vêtements et autres. La musique est cacaphonique; elle diffère à chaque commerce. Les petits restos improvisés boucanent. Une ville, quant à  moi, peu charmante. Partout, des affiches annoncent l’anniversaire des 30 ans de l’assassinat d’Oscar Romero, un prêtre qui dénoncait publiquement les abus des droits de l’homme de l’armée envers la population ainsi que les inégalités entre riches et pauvres. Romero est un héros national. Nous avons eu la chance de visiter son tombeau.

À la plaza principale, aux églises et au marché, je ne vois que des locaux. Aucun touriste au teint pâle déambule avec une caméra pendu au cou.

Edwin nous amène dans une papeterie et demande à voir les cartes postales. La dame va chercher un tabouret et grimpe dessus pour atteindre une boîte poussiéreuse en haut d’une étagère. Les images sont termes et doivent remonter aux années 1970. Décidément, le Salvador n’est pas une destination adaptée pour les touristes.

Nous sommes toujours chez CESTA. Après quelques jours de repos, nous étions prêts à rouler vers le Honduras, mais voilà que Torrey a attrapé un virus: fièvre, diarrhée et déshydratation. Au menu: eau salée, dodo et départ reporté à demain matin.

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Tags: Countries · El Salvador

4 responses so far ↓

  • 1 Eric // Mar 30, 2010 at 12:04 am

    Je veux la carte postale du bas… Merci et bonne continuation – En direct d’Afghanistan

  • 2 admin // Mar 30, 2010 at 8:42 am

    Ca tombe bien, c’est elle qu’on avait choisi pour toi! Tu reviens quand au Qc? Bon contrat!

  • 3 Dominic // Apr 1, 2010 at 2:47 am

    L’Amérique Centrale, c’est super-cool mais attendez-vous à ce que toutes les capitales ressemblent à San Salvador: bruits, poussières, dangers, etc. Le Honduras devrait beaucoup ressembler au Salvador mais tout s’améliora un peu à partir du Nicaragua. Merci de nous transporter ainsi dans vos bagages, je vous lis passionnément depuis le premier jour. Vos aventures nous prouvent que les gens les plus gentils/généreux sont souvent où on s’y attend le moins et vos photos sont vraiment superbes. Lâchez pas!

    Dom

  • 4 admin // Apr 1, 2010 at 2:03 pm

    C’est tellement agreable de lire des commentaires comme le tien! :-)

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