Pedaling South

L'expédition en vélo de l'Alaska à l'Argentine de Lucie et Torrey

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Le Pérou… c’est frappant!

October 5th, 2010 · 8 Comments

 

J’ai mangé ma première porte de char du voyage. La dame qui a ouvert sa portière à l’aveuglette a aussitôt su que je n’étais pas contente. « No se hace! » (Ça ne se fait pas!), lui ai-je lancé bien fort à quelques centimètres des oreilles entre deux jurons québécois bien articulés. Mon taux d’adrénaline était aussi haut que le ton de ma voix. J’ai redressé mon vélo brusquement, dépoussiéré mes vêtements et poursuivi mon chemin. C’était hier et nous venions tous juste d’entrer à Huancayo.

 Trois coins de rue plus loin, nous nous sommes arrêtés mangé des chorros (une pâte frite sucrée) question de décompresser un peu. Je me suis dit que ma réaction était peut-être exagérée. La dame s’était excusée rapidement. Mon vélo n’avait rien. Moi non plus. Et j’ai rarement vu les gens d’ici hausser le ton entres eux dans la rue. Mais c’était tant libérateur que je me suis rendue compte qu’elle représentait le bouc émissaire pour toutes les frustrations qui alimentaient une rage intérieure depuis mon entrée au Pérou. Une rage contre les automobilistes. La courtoisie de ceux-ci envers cyclistes, piétons et entres eux est totalement inexistante. C’est la loi du plus fort. Ils conduisent sauvagement, sans le moindre respect. Des éternels coups de klaxon deviennent un bruit de fond qui ne semble plus affecter personne. Je peux comprendre que c’est culturel; ne me demandez toutefois pas de l’accepter.

 Le Pérou a réussi à me choquer. Je l’admets. Voyager ne signifie pas toujours rester ouvert devant tout,  comprendre et accepter les différences. C’est aussi parfois être confronté à des comportements qui ne cadrent pas avec nos valeurs, nos habitudes de vie et nos convictions profondes. Et je crois que c’est correct ainsi.

 Le Pérou ne laisse personne indifférent. Il vient chercher en nous toute une gamme d’émotions et de nouvelles sensations. Moins bonnes, parfois, mais bonnes également.

 Côté paysage, c’est du jamais vu. Chaîne de montagnes enneigées, glaciers, troupeaux de lamas qui broutent le long des routes sinueuses au-dessus des nuages… c’est le genre d’endroit que l’on doit se pincer pour être sûr de ne pas rêver.

 Côté culinaire, c’est un vrai délice! Rassurez-vous, on n’y sert pas seulement que du cochon d’Inde! Ceviche, pachamanca, lomo soltado, crème glacé artisanale, jus de maca, etc. Le Pérou est reconnu sur la scène internationale pour sa gastronomie exquise et variée.

 Côté qualité de vie, je n’ai jamais constaté autant de pauvreté. Les maisons construites en terre se détériorent rapidement. L’eau, parfois rare, doit souvent être bouillie avant d’être consommé. Les ouvriers travaillent la terre à la main avec des outils rudimentaires. Les champs sont peu fertiles; ils peuvent à peine nourrir les familles, ce qui contribue à un exode urbain massif vers Lima qui augmente chaque année, créant chaque jour plus de rêves brisés.

 Côté culturel, il semble avoir une grande tristesse présente dans le cœur des gens. Peut-être s’agit-il du résultat de la conquête espagnole et le renversement d’une histoire jadis prospère.

 Côté rapports humains, la plupart des échanges sont habituellement amicaux. Habituellement, car cela exclue le tronçon de route entre Huanuco et La Quinua. Près de 100 km, long et pénible, à endurer l’attitude désagréable des péruviens: des gamins qui lancent des roches, un enfant haut comme trois pommes qui nous crie « plata » (argent), des chiens vilains, plus qu’à l’habitude, qui ne sont pas rappelés par leur maîtres, des adultes qui nous dévisagent et pointent du doigt sans gêne, sans oser nous aborder, etc.

 Méchanceté? Impolitesse? Je n’aime pas ces qualificatifs. Mes filtres d’occidentale me laissent croire que dans ce « corridor du ressentiment », ils sont au moins très maladroits avec les gringos, un mot d’ailleurs qu’ils ont à mon avis trop souvent en bouche. Depuis, je suis plus réservée. Je me protège, bien que les gens soient redevenus sympathiques à nouveau. Le Pérou, c’est beau, mais la vie y est tough

 Sur une note plus positive, nous avons fait escale à Cerro del Pasco, la ville la plus haute au monde à plus de 4400 m d’altitude – imaginez! C’est une mine d’argent qui a été à l’origine de la construction de la métropole. Aujourd’hui, elle se développe et gruge certains quartiers. Les pompiers chez qui nous avons logé semblaient plutôt indifférents que leur caserne centenaire soit sur le point d’être détruite. Leur nouvelle caserne, plus belle et plus grande, les attendait déjà en plein centre-ville.

 Quand nous avons visité la ville, c’était la dernière journée de propagande électorale (en espagnol, publicité se traduit par propagande, j’aime bien la sémantique.) La place centrale grouillait de tout bord, tout côté. Deux des partis avaient organisés, un en face de l’autre, deux spectacle différents sur la place centrale, se livrant ainsi une guerre de bruit. Typiquement péruvien! Quelques heures plus tard, l’un d’eux à dû plier bagage et laissez place au parti victorieux. Sur la scène, une indigène faisait danser la foule en chantant des airs traditionnels. Quelle ambiance!

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Tags: Countries · Perou

8 responses so far ↓

  • 1 Bonnie // Oct 5, 2010 at 7:41 am

    Wonderful article Lucie – even Goggle translate couldn’t wreck it! Can’t believe you two are cycling down those roads, steep and winding and gravel?

    Loved the llamas.

  • 2 OLIVIER // Oct 5, 2010 at 9:22 am

    BIENVENUE AU PÉROU!
    PAYS CHAOTIQUE AUX MILLES MERVEILLEUX!

  • 3 nicolas // Oct 5, 2010 at 10:16 am

    le Pérou me fait toujours penser à Tintin.

  • 4 nicolas // Oct 5, 2010 at 10:17 am

    le Pérou me fait toujours penser à Tintin.

    Et l’inverse.

  • 5 Joanie // Oct 5, 2010 at 5:02 pm

    Salut vous deux,
    Wowww c’est l’fun de te lire lucie ! Je suis vraiment fière de toi et j’ai hâte de prendre une cerveza avec toi !!!
    Tu nous manques à moi et véro sur le bike… :(
    Bisous et soyez prudents!!! tention aux portes de char! ;)

  • 6 chantal // Oct 5, 2010 at 7:07 pm

    quel experience c,est inoui dire que ya 6 ans on roulait en plein centre ville de montreal .

  • 7 Gary Robertson // Oct 7, 2010 at 4:50 pm

    Lucie,

    Spectacular! Your photos touch my heart.
    In many places in Peru you must have a native guide to trek. Your self-sufficiency on the bicycles might be seen as “costing them a job, or cash or opportunity”. Just a thought. I love Peru in all her misery and in all her glory, but I have never cycled there. Your pictures are so surreal, I am so inspired to cycle there!

  • 8 Sylvain // Oct 9, 2010 at 7:02 am

    El Comandante Lulu! J’ai toujours su que tu recherchais un poste de pouvoir, mais tu n’étais pas obligé d’aller si loin. Je rigole, quel voyage fantastique qui nous fais tous rêver un peu. Vous nous manquez déjà toi et Torrey. Continuez à nous faire rêver!!

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