Pedaling South

L'expédition en vélo de l'Alaska à l'Argentine de Lucie et Torrey

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Terre de Feu: moins de 300 km à faire

April 5th, 2011 · 7 Comments

Il y a quelques jours, le bris de ma roue arrière nous avait forcé à faire un détour à Calafate, en Argentine. Quand le mécano de l’unique magasin de vélo nous a répondu avec arrogance, on a fait le tour de la ville à la recherche de mécaniciens de ruelle.

On a vite compris que les Argentins ont très bon coeur et qu’ils sont prêts à tout pour nous aider, même lorsqu’ils n’ont aucune connaissance mécanique.

«Les bearings, c’est avec un marteau qu’on enlève ça!»

On a finalement dû retourner au magasin pour solutionner le problème en remplaçant la roue entière.

J’ai profité de ce petit détour pour aller voir le glacier Perito Moreno, l’attraction touristique de la région. C’est impressionnant de voir, d’entendre, et surtout, de sentir les gros morceaux de glace se détacher et tomber dans l’eau. Ce n’est pas parce qu’on vient d’un pays enneigé six mois par année qu’on a l’opportunité de voir un vestige de l’histoire qui remonte à l’aire de la glaciation!

Puis, nous sommes repartis affronter le vent patagonien, de face cette fois-ci, jusqu’à Puerto Natales, au Chili. Quelle horreur! Je n’ai jamais senti un vent aussi puissant… et constant. Il nous fait sentir faibles en nous imposant un huit km/heure sur du plat, comme si nous montions une côte avec deux crevaisons et des freins collés à la jante. Le bourdonnement du bruit dans les oreilles nous rend sourds — impossible de se parler sans crier — et après quelques heures, complètement fous. Quand il se met à pleuvoir, une simple averse se transforme en tempête apocalyptique. De plus, notre tente devient totalement inutile, nous obligeant chaque soir à chercher un abri plus résistant. Ce n’est pas toujours évident sur des centaines de kilomètres de plaines de pampa!

En notre faveur par contre, c’est autre chose. Le vent peut devenir un allié. De Puerto Natales à Punta Arenas, nous avons ajouté de nombreux kilomètres au compteur sans forcer. Mais il suffit de seulement dévier légèrement de sa trajectoire pour qu’il nous pousse de tous bords, tous côtés, en nous forçant parfois à mettre le pied à terre. Heureusement, il n’y a peu de trafic au bout du continent et les automobilistes nous laissent amplement d’espace pour éviter une collision.

Toutes ces intempéries nous ont permis de faire de belles rencontres. Un soir par exemple, en quittant Puerto Natales, une famille chez qui nous avons demandé refuge dans leur jardin nous ont invité à manger du cordero(agneau), un met typique de la région qu’on n’avait pas encore eu la chance de déguster.

Notre passage dans la ville portuaire de Punta Arenas a été particulièrement mémorable. Nous avons dormi chez la famille d’un ami de Montréal où nous avons été chaleureusement accueillis par Angela — merci Xavier! Elle et ses amies de filles nous ont tenu réveillé jusqu’aux petites heures du matin deux soirs de suite. Nous avons terminé quelques bouteilles de vin en jasant de culture et de politique. L’une d’elle, Angelica, nous a cuisiné un énorme curanto: dans une marmite, faites mijoter du poulet, du porc fumé, des saucisses, des moules, des palourdes et des patates dans une sauce à base de vin blanc. Un divin repas de carnivore! Chaque bouchée nous a fait pleurer de joie.

De Punto Arenas, nous avons quitté la terre ferme, traversé le détroit de Magellan et atteint Terre de Feu, l’île au Sud des Amériques. Nous avons été accueilli à Porvenir par un groupe d’adolescents curieux de savoir nous étions de quel coin de la planète.

Ici aussi, notre bonne fortune continue. Parfois, en cherchant un endroit où lancer la tente, on nous amène dans de petites cabanes inhabitées, équipées d’un four à bois, d’une cuisinière, d’un lit et d’eau courante.

C’est ainsi que nous avons rencontré Juan, un homme début quarantaine qui prend soin d’un troupeau de moutons. Après avoir tenté à deux reprises une excursion ratée chez les pingouins, il nous reçu, nourrit plusieurs fois avec… la viande de ses moutons justement. Nous avons mangé des côtelettes de mouton, une soupe de mouton, des steaks de mouton… et bu aussi beaucoup de maté près de la chaleur de son four à bois.

Les villes de la pointe des Amériques ont un petit je-ne-sais-quoi. Depuis notre première entrée au Chili, c’est la première fois qu’on a des contacts aussi proches avec les gens. Ils nous invitent dans leur maison, nous parle de leur passé et nous font goûter leur cuisine traditionnelle. Ils sont à la fois modestes et humbles, mais fort sympathiques et de bonne compagnie. On sent qu’on est loin de la capitale, loin de tout. Ça les rend solidaire entre eux. Et parce qu’ils vivent visiblement dans un climat plus rude qu’au Québec, je leur porte un grand respect.

Les jours de vélo jusqu’à Ushuaia se comptent maintenant sur les doigts d’une main. Le compte à rebours des 300 kilomètres est entamé. Nous y sommes presque — falta poco!

Récemment, nous avons passé beaucoup plus de temps et d’énergie à simplement lutter contre les éléments de la nature. De se sentir constamment en état de survie nous fait rêver au confort d’une vie de sédentaire. On se permet de partir dans ces rêveries, car maintenant, on sait que ça arrivera sous peu. C’est aussi une façon de visualiser notre retour. Et devinez quoi? Nous sommes prêts à revenir à la maison, à passer du temps avec nos familles et nos bons vieux chums.

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Tags: Argentine · Countries

7 responses so far ↓

  • 1 Bonnie // Apr 5, 2011 at 12:31 pm

    Yes , yes – it is time to come home!! Can’t wait to see you!

  • 2 Anonymous // Apr 5, 2011 at 12:42 pm

    J’ai très hâte de vous revoir! Et Lucas a bien hâte de faire votre connaissance!
    xxx

  • 3 Eric // Apr 5, 2011 at 5:42 pm

    Bonne continuation et bonne fin de trajet !!!

  • 4 xavier Ovando // Apr 5, 2011 at 7:06 pm

    hasta muy pronto les amis:) yessir viva la america velorucionaria! viva un mundo mejor al cual ustedes ya han contribuido de forma ejemplar….

    xxxx
    merci

    Xavier

  • 5 Chuck Q // Apr 6, 2011 at 7:21 am

    WoW
    Awesome as always
    incredible to think how far you have come…
    I bet you guys could write a book…
    or two…
    Photos, Stories, etc…
    Safe travels
    see you soon
    The Beers await !!!

  • 6 Patrick // Apr 6, 2011 at 10:00 am

    Hey Lucie tu ne saute plus, aurais-tu peur de l’envolée ?…..hahaha……

  • 7 John Fleming // Apr 6, 2011 at 5:25 pm

    Je ne vous connais pas encore mais c’est comme si…je veux devenir un bon vieux chum moi aussi! Bravo!

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